À Buenos Aires, le vent change. On cherche à innover dans la musique locale. On s’affranchit des codes pour remettre au gout du jour ce qui semble être un véritable message identitaire. Et ZZK Records en est le centre névralgique.
Faute de fusiller les voyelles à tout bout de champ, le nom du label se prononce « Zizek » (faisant référence au philosophe slovène Slavoj Žižek). Ce patronyme servait initialement à des soirées underground organisées par la scène alternative buenos-airienne. Ceci date déjà de 2006.
Voyant que l’expérimentation digitale devenait un credo à l’échelle mondiale, El G, Villa Diamante et Dj Nim se décident de créer sous ce nom, deux ans plus tard, un label porteur des idéaux en vogue dans les bas-fonds argentins: se démarquer de ce qui se fait déjà. Porter la tradition musicale locale à un niveau de contemporanéité absolue. En gros, créer une onde de choc dans la racine argentine et montrer qu’aussi ici, les valeurs perdurent et innovent.
Depuis, plusieurs artistes se sont joint à la communauté, se démarquant chacun de la tendance générale. Une compilation Future Sounds of Buenos Aires a également vu le jour en 2012, présentant en grande majorité des artistes du label. Frikstailers, King Coya, Fauna, tous méritent une attention particulière de notre côté occidentalisé. « Create and inspire », voici le crédo du label. Peut-être devrions-nous faire de même et ouvrir un peu plus nos mirettes sur ce qui se passe ailleurs sur Terre. Le monde musical foisonne à plein régime.
Et qui sait, un jour peut-être, nous les verrons sillonner les innombrables festivals de la région francophone. En attendant, voici trois artistes de ZZK Records qui m’ont particulièrement tapé dans l’oeil. Une belle fracture droite de la rétine. Place à la découverte :
El Remolón
Lui, c’est l’enfant indigo du groupe. « The lazy one », que son nom évoque. De ce fait, une myriade de couleurs et de sonorités exemplaires émanent de sa musique, nous plongeant dans son univers siphonné pas tant paresseux que ça. De plus, il est, semble-t-il, l’artiste le plus actif dans la communauté, sortant EP et mixtapes les unes après les autres. Contrairement aux autres, on trouve dans sa musique plus de woobles, de reggae(-ton) ou de flow d’MCs. Du concentré de Major Lazer et Chinese Man à la sauce latino. En bref, il fait de la cumbia un faisceau électronique au rythme dansant et frénétique. Et nous, on aime ça.
Nicolá Cruz
Les Andes de l’Équateur, aux massifs abruptes, mystérieux, fait d’un paysage qui interpelle, qui inspire. C’est ce que ce jeune musicien né à Limoges (France), d’origine équatorienne, tente de redécouvrir à travers une musique au métissage exacerbé. Il y met des beats, du chant andin, du marimba, tout ce qui, à première vue, appelle à la redécouverte auditive. Résultat, on y trouve cette profondeur propre à l’abstract french-touch, passant du trip-hop au dub avec brio, avec, en plus, une touche inqualifiable de fraîcheur chamarrée. Oui, je parle bien de musique. Mais d’une musique sans pareil, qui trouve sa force dans la singularité.
Chancha Via Circuito
Avec lui, c’est un départ direct pour une galaxie encore inconnue, colorée de flutes, tambours et assemblages électrostatiques. En tant que premier membre actif (accompagné de Tremor) et petit frère de Dj Nim, il se doit de porter fièrement le flambeau du label argentin, et pousser les nouveaux-venus à travers son voyage initiatique. Transcendant les genres, sa musique n’est ni faite pour danser, ni pour dormir. Elle ne ressemble à rien de connu à ce jour. Chancha parcoure simplement les chemins du folklore amérindien, tout cela à merveille. Des bombos legueros d’Argentine au charango de la cumbia péruvienne, il dépoussière les traditions en y posant un léger rythme électronique, à mi-chemin entre folktronica et digital cumbia. Que de mysticisme et d’apaisement pour nos consciences brouillées par l’urbanisme.
Pour plus d’information et de mixtapes de cette fructueuse formation, n’hésitez pas à faire un tour sur leur site internet. Attention, c’est flashy : http://zzkrecords.com/

Par une douce nuit de Printemps, je m’engouffrais dans une pénombre magnétique. De là retentissaient de faibles vibrations, profondes, vraies. Dès lors, je n’ai cessé de traquer l’essence de cette musique. La bête me menait de voyages en découvertes, au milieu d’une vibrante atmosphère aux aspects dub, électro, rock psychédélique…